XIX. Le Feu
L’artillerie incarnant la maîtrise du feu, on pourrait s’attendre à ce que la ville de La Fère eût des rapports heureux avec cet élément. Mais le feu est versatile et capricieux, et n’aura été associé qu’à des événements funestes dans l’histoire de la cité.
La construction d’un moulin à poudre en 1672, alimenté par la puissance de l’Oise, fut une contribution utile à l’activité des artilleurs de la place. Mais cela n’était pas sans risque, et le 26 août 1676, une simple flamme causa une violente explosion et un incendie qui faillit détruire la totalité de l’Arsenal. Le moulin fut remis en service, pour exploser à nouveau en 1709 dans des conditions similaires. Malgré l’opposition des habitants de La Fère, le moulin fut reconstruit une seconde fois et resta en activité jusqu’en 1797.
Le feu aura causé d’autres catastrophes dans l’histoire de la ville. Ainsi en 1732, les voûtes en bois de l’église Saint-Montain furent la proie des flammes. L’église elle-même ne put être préservée que par l’action des militaires de la garnison, qui tirèrent au canon des boulets enchaînés pour faire tomber les éléments enflammés de la charpente.
C’est également par le feu que fut détruit le bâtiment principal trônant à l’extrémité de l’esplanade de la ville, où avaient lieu les parades militaires. Pilonné par l’artillerie prussienne en 1870, il fut entièrement détruit par l’incendie ainsi provoqué. Il fut rebâti la même année arborant une plaque commémorative de l’événement, lui donnant son nom usuel de « bâtiment des Prussiens ».