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Marie de Luxembourg
Marie de Luxembourg n’était que la quatrième enfant de sa fratrie, mais ses trois frères aînés moururent en bas âge et elle se retrouva héritière des titres familiaux. Elle fut mariée dès l’âge de douze ans à Jacques de Savoie qui mourut à peine deux ans plus tard. Marie épousa en secondes noces François de Bourbon-Vendôme, qui périt dans les guerres d’Italie huit ans plus tard. Eprouvée par ces expériences difficiles, la jeune veuve de 23 ans décida de se consacrer entièrement à ses six enfants et à la gestion de son immense domaine, et ne se remariera plus. Excellente cavalière, elle n’hésitait pas à chevaucher sur de longues distances…
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XX. Le Jugement
La cité de La Fère intégra la Maison de Luxembourg lorsque Jeanne de Bar, petite-fille de Marie de Coucy, épousa Louis de Luxembourg comte de Saint-Pol. Ce dernier contribua à fortifier la ville, ainsi qu’à la construction de son château sur les fondations d’un ancien donjon médiéval. Les rapports de force dans le pays étaient à cette époque en pleine mutation. La guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons était parvenue à sa conclusion par le traité d’Arras, et si la guerre de Cent Ans devait encore durer quelques années, les armées Anglaises encore présentes sur le continent étaient en plein recul. Louis de Luxembourg se trouvait au croisement…
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VIII. La Justice
Nous avons pour la plupart une vision du Moyen-Age comme d’un régime féodal où les seigneurs avaient droit de décision et de justice sur leurs vassaux et leurs terres. Et pourtant dès le XIIème siècle sont apparus des dispositifs d’émancipation des cités, leur laissant la possibilité de se gérer elles-mêmes via des institutions d’une étonnante modernité, en contrepartie d’une redevance versée au seigneur local. C’est en 1207 qu’Enguerrand III de Coucy accorda une telle émancipation à la ville de La Fère, sous la forme d’une « Charte de Paix ». Ou dans son nom complet, « La Fère, ou charte de la paix, autrement concordat passé et octroyé aux maieur, jurez et hommes…
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X. La Fortune
Notre récit commence le 18 juin 1815. Alors même que s’engage la bataille de Waterloo, des troupes prussiennes envahissent le nord de la France pour renverser une seconde fois l’empire de Napoléon Bonaparte, et arrivent devant les portes de La Fère qu’elles espèrent bien occuper. Les militaires français sur place sont fidèles à l’empereur, et gardent encore la rancœur d’une déroute cuisante subie un an plus tôt au même endroit. S’engage alors un nouveau siège de la ville, opposant le colonel Chapelle et le commandant Berthier d’une part, et les généraux Ziethen et Steinmetz d’autre part. Lorsqu’au bout de quelques semaines parvient la nouvelle que Louis XVIII est rentré à…
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Henri IV
De toutes les personnalités qui peuplent les récits des anciens de La Fère, Henri IV est probablement leur favorite. D’aucuns prétendent que l’on peut encore trouver dans la ville l’anneau auquel il attachait son cheval. Nonloin de là se trouverait le « pont des amoureux » où le leste Gascon aurait eu pour habitude de retrouver l’une de ses nombreuses conquêtes. Si la vérité historique de ces anecdotes est incertaine, il est en revanche documenté que le Vert Galant avait noué un lien intense avec la ville natale de son père Antoine de Bourbon. Dès 1583, c’est à La Fère (alors fief de Catherine de Médicis) qu’Henri III suggère à celui qui…
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XXI. La Création
La ville de La Fère aura donné le jour à de grands artilleurs, mais également à d’illustres artistes et artisans. Ainsi Laurent Rondé, issu d’une famille laféroise, fut reconnu comme le plus grands joailler de son temps. C’est à lui que l’on confia l’acquisition en Angleterre du Régent, pièce maîtresse des joyaux de la couronne de France, qu’il intégra à la couronne du sacre de Louis XV en 1722. Bien avant l’écriture de ses Liaisons dangereuses, le jeune Choderlos de Laclos fut formé à l’Ecole d’Artillerie de La Fère dès 1760, entouré d’autres élèves-officiers querelleurs et impies. Natif de la ville en 1889, le peintre anarchiste Clovis Trouille déversera dans…
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Armand-Charles de la Porte
Si d’aventure vous vous retrouvez à parcourir la rue Mazarin au sud de La Fère, vous penserez probablement qu’elle a été nommée en l’honneur du Cardinal Mazarin, homme sur lequel écrivirent autant les historiens que les romanciers. Il est vrai que ce dernier était familier de la ville de La Fère, où Anne d’Autriche aimait l’accueillir pour fuir le tumulte de la Fronde et profiter de quelque intimité. Mais c’est plus probablement au duc de Mazarin, comte et gouverneur de La Fère, qu’est dédiée cette artère de la ville. Armand-Charles de la Porte de la Meilleraye ne naquit pourtant pas au sein de la famille du Cardinal. Son père Charles…
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Bernard Forest de Bélidor
On ne le rappellera jamais assez, l’artillerie est pour beaucoup une affaire de mathématiques. Qu’il s’agisse de déterminer la trajectoire d’un tir ou l’architecture de fortifications, les ingénieurs militaires du XVIIIè siècle devaient effectuer avec soin des calculs complexes appartenant à une science encore nouvelle (le traité de mécanique d’Isaac Newton n’avait alors que quelques années). L’école d’artillerie de La Fère recrutait donc les meilleurs enseignants de mathématiques, et le plus respecté d’entre eux était Bernard Forest de Bélidor. Jeune orphelin, Bélidor fit rapidement l’expérience des mathématiques et de leur application pendant les sièges de villes fortifiées où l’emmenait son oncle adoptif. Cette double maîtrise des sciences et de l’art…
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Maurice Boudot-Lamotte
Si d’aventure vous vous trouviez à flâner dans les allées du Musée de l’Oise de Beauvais, vous pourriez y remarquer quelques tableaux au nom familier : « Les Bords de l’Oise à la Fère », « Le Chant du coq à Beautor », « Chaumières à Beautor, près de La Fère »,… Leur auteur, Maurice Boudot-Lamotte, était en effet natif de La Fère, et son amour pour la peinture et sa région donna naissance à ces toiles. Formé à Saint-Quentin par Philibert Léon Couturier, célèbre pour ses portraits animaliers, il « monte » ensuite à Paris suivre les enseignements de l’académique Jules Lefebvre et du mystique Gustave Moreau. A la capitale, il se lie d’amitié avec Henri Matisse,…
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I. Les Jeux
En l’an 1187, le sire de Coucy organisa un événement dont on parlerait à des lieues à la ronde : dans la vallée s’étendant de La Fère à Vendeuil se tiendrait un grand tournoi au cours duquel s’affronteraient les plus puissants guerriers des environs et d’ailleurs. Car l’annonce de ces jeux porta fort loin : répondirent à l’invitation les seigneurs de Mortagne, Oudenarde et Quiévrain, les comtes de Blois, Namur et surtout de Hainaut dont les troupes flamandes étaient fort réputées, ainsi que le connétable Montmorency. Les cavaliers ne venaient pas seuls, ils étaient accompagnés de leurs familles et de leurs maisonnées qui s’assemblaient en une foule joyeuse assistant au…