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    XX. Le Jugement

    La cité de La Fère intégra la Maison de Luxembourg lorsque Jeanne de Bar, petite-fille de Marie de Coucy, épousa Louis de Luxembourg comte de Saint-Pol. Ce dernier contribua à fortifier la ville, ainsi qu’à la construction de son château sur les fondations d’un ancien donjon médiéval. Les rapports de force dans le pays étaient à cette époque en pleine mutation. La guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons était parvenue à sa conclusion par le traité d’Arras, et si la guerre de Cent Ans devait encore durer quelques années, les armées Anglaises encore présentes sur le continent étaient en plein recul. Louis de Luxembourg se trouvait au croisement…

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    XIX. Le Feu

    L’artillerie incarnant la maîtrise du feu, on pourrait s’attendre à ce que la ville de La Fère eût des rapports heureux avec cet élément. Mais le feu est versatile et capricieux, et n’aura été associé qu’à des événements funestes dans l’histoire de la cité. La construction d’un moulin à poudre en 1672, alimenté par la puissance de l’Oise, fut une contribution utile à l’activité des artilleurs de la place. Mais cela n’était pas sans risque, et le 26 août 1676, une simple flamme causa une violente explosion et un incendie qui faillit détruire la totalité de l’Arsenal.  Le moulin fut remis en service, pour exploser à nouveau en 1709 dans…

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    VIII. La Justice

    Nous avons pour la plupart une vision du Moyen-Age comme d’un régime féodal où les seigneurs avaient droit de décision et de justice sur leurs vassaux et leurs terres.  Et pourtant dès le XIIème siècle sont apparus des dispositifs d’émancipation des cités, leur laissant la possibilité de se gérer elles-mêmes via des institutions d’une étonnante modernité, en contrepartie d’une redevance versée au seigneur local. C’est en 1207 qu’Enguerrand III de Coucy accorda une telle émancipation à la ville de La Fère, sous la forme d’une « Charte de Paix ». Ou dans son nom complet, « La Fère, ou charte de la paix, autrement concordat passé et octroyé aux maieur, jurez et hommes…

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    XI. La Force

    Compte tenu de son passé militaire, La Fère ne manque pas de symboles de force. Le plus visible est bien sûr la statue de l’Artilleur qui trône sur l’esplanade depuis 1974. Réalisée en 1856, elle était l’un des quatre ornements des piliers de l’ancien pont de l’Alma à Paris, chacun représentant un régiment de la guerre de Crimée : l’Artilleur, le Zouave, le Chasseur à Pied et le Grenadier. Lorsque le pont fut reconstruit pour faciliter la navigation sur la Seine, les statues ont été déplacées dans des villes liées à leurs armes, et seul le zouave est resté à la capitale. Mais pour un symbole bien plus ancien, le…

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    X. La Fortune

    Notre récit commence le 18 juin 1815. Alors même que s’engage la bataille de Waterloo, des troupes prussiennes envahissent le nord de la France pour renverser une seconde fois l’empire de Napoléon Bonaparte, et arrivent devant les portes de La Fère qu’elles espèrent bien occuper. Les militaires français sur place sont fidèles à l’empereur, et gardent encore la rancœur d’une déroute cuisante subie un an plus tôt au même endroit. S’engage alors un nouveau siège de la ville, opposant le colonel Chapelle et le commandant Berthier d’une part, et les généraux Ziethen et Steinmetz d’autre part. Lorsqu’au bout de quelques semaines parvient la nouvelle que Louis XVIII est rentré à…

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    Henri IV

    De toutes les personnalités qui peuplent les récits des anciens de La Fère, Henri IV est probablement leur favorite. D’aucuns prétendent que l’on peut encore trouver dans la ville l’anneau auquel il attachait son cheval. Nonloin de là se trouverait le « pont des amoureux » où le leste Gascon aurait eu pour habitude de retrouver l’une de ses nombreuses conquêtes. Si la vérité historique de ces anecdotes est incertaine, il est en revanche documenté que le Vert Galant avait noué un lien intense avec la ville natale de son père Antoine de Bourbon. Dès 1583, c’est à La Fère (alors fief de Catherine de Médicis) qu’Henri III suggère à celui qui…

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    II. La Maîtresse

    Le 15 Floréal de l’an XIII comme l’écrivait le calendrier républicain à cette époque, la fête de la ville de Beautor battait son plein. Marie-Thérèse Védé, jeune femme de 19 ans tenant avec sa sœur aînée le pensionnat de jeunes filles de La Fère, organisa pour ses pensionnaires une sortie pour profiter de l’événement. Plusieurs de ces jeunes filles étaient apparentées à des officiers de la garnison, et le Colonel directeur de l’arsenal mit à leur disposition une longue barque ainsi qu’un équipage pour la manœuvrer : un domestique du Colonel, un garde d’artillerie et plusieurs pontonniers militaires. Afin d’assurer sa stabilité, la barque était lestée avec des boulets de…

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    I. Les Jeux

    En l’an 1187, le sire de Coucy organisa un événement dont on parlerait à des lieues à la ronde : dans la vallée s’étendant de La Fère à Vendeuil se tiendrait un grand tournoi au cours duquel s’affronteraient les plus puissants guerriers des environs et d’ailleurs. Car l’annonce de ces jeux porta fort loin : répondirent à l’invitation les seigneurs de Mortagne, Oudenarde et Quiévrain, les comtes de Blois, Namur et surtout de Hainaut dont les troupes flamandes étaient fort réputées, ainsi que le connétable Montmorency. Les cavaliers ne venaient pas seuls, ils étaient accompagnés de leurs familles et de leurs maisonnées qui s’assemblaient en une foule joyeuse assistant au…

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    VII. Le Voyageur

    Située pendant des siècles au carrefour des grandes voies de circulation reliant les riches villes d’Europe du nord, La Fère était une étape fréquente de voyageurs en tous genres. On peut encore admirer dans les rues les grandes portes des anciens relais de poste, où ceux-ci venaient chercher une nuit de repos et des chevaux frais. Parmi ces nombreux visiteurs d’un soir figurent des noms illustres qui ont laissé de leur passage des récits plus ou moins enthousiastes. Ainsi Victor Hugo en 1835 était attablé dans une auberge de La Fère quand il rédigea une lettre à sa femme Adèle, lui décrivant le charme de la côte menant à Coucy…

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    IV. L’Empereur

    Napoléon Bonaparte suivait depuis son enfance une formation militaire qui n’allait pas sans difficultés :  issu d’une famille de petite noblesse, parlant avec un fort accent corse, le jeune homme était la cible de quolibets de la part de ses camarades de grande famille. Soutenu par de bonnes notes en mathématiques et malgré des lacunes en allemand, Bonaparte put prétendre à intégrer la marine conformément à ses vœux. Mais madame Bonaparte mère s’y opposa et c’est donc en second choix qu’il se rabattit sur l’artillerie. En intégrant à seize ans l’Ecole Royale d’Artillerie de La Fère, le jeune Bonaparte ne fit d’abord pas preuve du plus grand enthousiasme. Dès la…