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III. La Matrone
On trouve trace des premiers établissements de soin à La Fère dès le XIIème siècle. On construisait à cette époque des maladreries pour y isoler les personnes atteintes de la lèpre. Celle de La Fère se trouvait à l’extérieur du Faubourg Saint-Firmin, au croisement des chemins partant respectivement vers Beautor, Fargniers et Quessy. En 1240 fut fondé l’Hôtel-Dieu, ancêtre de l’hôpital actuel, qui reprit les activités de la maladrerie après sa destruction en 1380 au cours des invasions anglaises. Un second hôpital pour les pauvres fut également établi en 1677 par le duc de Mazarin, afin d’accueillir orphelins et vieillards des deux sexes. Il se trouvait au centre de la…
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XX. Le Jugement
La cité de La Fère intégra la Maison de Luxembourg lorsque Jeanne de Bar, petite-fille de Marie de Coucy, épousa Louis de Luxembourg comte de Saint-Pol. Ce dernier contribua à fortifier la ville, ainsi qu’à la construction de son château sur les fondations d’un ancien donjon médiéval. Les rapports de force dans le pays étaient à cette époque en pleine mutation. La guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons était parvenue à sa conclusion par le traité d’Arras, et si la guerre de Cent Ans devait encore durer quelques années, les armées Anglaises encore présentes sur le continent étaient en plein recul. Louis de Luxembourg se trouvait au croisement…
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V. Le Palefrenier
Pendant les siècles qui ont précédé les véhicules motorisés, les chevaux occupaient une place importante dans toutes les armées du monde. Mais cette importance devenait essentielle dans l’artillerie, car il ne fallait pas moins de quatre chevaux pour manœuvrer un seul canon. C’est donc sans surprise que l’on trouve plusieurs traces d’aménagements pour ces animaux dans les principaux emplacements de La Fère. Ainsi c’est aux étangs du Necfort que les soigneurs les amenaient pour les y laver. On peut voir dans d’anciennes photographies les abreuvoirs qui s’alignaient le long des remparts du Nord. Les grandes écuries de l’époque subsistent encore. Si elles servent aujourd’hui de résidences à la Gendarmerie Nationale,…
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XXI. La Création
La ville de La Fère aura donné le jour à de grands artilleurs, mais également à d’illustres artistes et artisans. Ainsi Laurent Rondé, issu d’une famille laféroise, fut reconnu comme le plus grands joailler de son temps. C’est à lui que l’on confia l’acquisition en Angleterre du Régent, pièce maîtresse des joyaux de la couronne de France, qu’il intégra à la couronne du sacre de Louis XV en 1722. Bien avant l’écriture de ses Liaisons dangereuses, le jeune Choderlos de Laclos fut formé à l’Ecole d’Artillerie de La Fère dès 1760, entouré d’autres élèves-officiers querelleurs et impies. Natif de la ville en 1889, le peintre anarchiste Clovis Trouille déversera dans…
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I. Les Jeux
En l’an 1187, le sire de Coucy organisa un événement dont on parlerait à des lieues à la ronde : dans la vallée s’étendant de La Fère à Vendeuil se tiendrait un grand tournoi au cours duquel s’affronteraient les plus puissants guerriers des environs et d’ailleurs. Car l’annonce de ces jeux porta fort loin : répondirent à l’invitation les seigneurs de Mortagne, Oudenarde et Quiévrain, les comtes de Blois, Namur et surtout de Hainaut dont les troupes flamandes étaient fort réputées, ainsi que le connétable Montmorency. Les cavaliers ne venaient pas seuls, ils étaient accompagnés de leurs familles et de leurs maisonnées qui s’assemblaient en une foule joyeuse assistant au…
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VII. Le Voyageur
Située pendant des siècles au carrefour des grandes voies de circulation reliant les riches villes d’Europe du nord, La Fère était une étape fréquente de voyageurs en tous genres. On peut encore admirer dans les rues les grandes portes des anciens relais de poste, où ceux-ci venaient chercher une nuit de repos et des chevaux frais. Parmi ces nombreux visiteurs d’un soir figurent des noms illustres qui ont laissé de leur passage des récits plus ou moins enthousiastes. Ainsi Victor Hugo en 1835 était attablé dans une auberge de La Fère quand il rédigea une lettre à sa femme Adèle, lui décrivant le charme de la côte menant à Coucy…
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La Foudre
La foudre aura longtemps été considérée comme une menace imprévisible, souvent imaginée comme l’expression de la colère d’une puissante divinité. Certains de nos lointains ancêtres avaient pourtant déjà cherché à la comprendre, voire la maîtriser. Ainsi les guerriers gaulois plantaient-ils des épées métalliques dans le sol le long des rivières, dans le but d’attirer les éclairs loin de leur personne. Il sera plus tard coutume au moyen-âge d’enterrer des cloches dans le même but. Si les habitants de La Fère ont ainsi nommé le lieu-dit du « trou-tonnerre », à l’ouest de la ville, c’est probablement après avoir observé que l’endroit avait la propriété d’attirer la foudre. Était-ce le fait de propriétés…
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Le Bois
On trouve jusque dans les récits de Jules César la description des grandes forêts du nord de la Gaule qui rendaient si difficile la progression de ses légions. Celle qui s’étendait entre les emplacements actuels de La Fère, Laon, Chauny et Soissons prendra le nom de forêt de Voas. Elle abritait disait-on un de ces géants si fréquents dans les contes celtiques, qui contribuèrent au fil des siècles à la légende de Gargantua. Est-ce donc ce dernier ou le géant de Voas qui, en décrottant ses chaussures, créa les buttes de Laon et celle de Saint-Gobain ? Nous laisserons le lecteur en décider. Le bois extrait de cette forêt constituait…
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Athos
C’est au chapitre XLV du roman feuilleton les Trois Mousquetaires, dans un soupir de la redoutable Milady de Winter, que nous est révélée l’identité du plus noble des trois compagnons du jeune d’Artagnan : Athos ne serait autre que le comte Olivier de La Fère, descendant d’une lignée qui aura servi le François 1er en personne. De bien belles origines qui sont d’autant plus remarquables qu’elles ont été inventées par l’auteur. Alexandre Dumas père, lui-même natif de Villers-Cotterêts, aimait à ancrer dans les terres picardes et du nord de la France les aventures de ses personnages. Mais il assumait également les libertés que ses récits prenaient avec la vérité historique.…
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Les Amants
C’est dans le cadre du grand tournoi de La Fère de 1187 que commence le Roman du Châtelain de Coucy et de la Dame de Fayel, rédigé au XIIIè siècle en langue picarde et en vers. On y raconte comment Renaut, sire de Coucy, était follement épris et aimé en retour de Gabrielle de Vergy, dame de Fayel mariée à un époux possessif. La passion des amants se voulait discrète, mais au cours des festivités leurs regards enflammés n’échappèrent pas à une femme jalouse qui s’en alla les dénoncer au mari trompé. Ce dernier attendit patiemment l’occasion d’exercer sa vengeance. Renaut partit en croisade, emportant avec lui dans un coffret…