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    III. La Matrone

    On trouve trace des premiers établissements de soin à La Fère dès le XIIème siècle. On construisait à cette époque des maladreries pour y isoler les personnes atteintes de la lèpre. Celle de La Fère se trouvait à l’extérieur du Faubourg Saint-Firmin, au croisement des chemins partant respectivement vers Beautor, Fargniers et Quessy. En 1240 fut fondé l’Hôtel-Dieu, ancêtre de l’hôpital actuel, qui reprit les activités de la maladrerie après sa destruction en 1380 au cours des invasions anglaises. Un second hôpital pour les pauvres fut également établi en 1677 par le duc de Mazarin, afin d’accueillir orphelins et vieillards des deux sexes.  Il se trouvait au centre de la…

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    XX. Le Jugement

    La cité de La Fère intégra la Maison de Luxembourg lorsque Jeanne de Bar, petite-fille de Marie de Coucy, épousa Louis de Luxembourg comte de Saint-Pol. Ce dernier contribua à fortifier la ville, ainsi qu’à la construction de son château sur les fondations d’un ancien donjon médiéval. Les rapports de force dans le pays étaient à cette époque en pleine mutation. La guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons était parvenue à sa conclusion par le traité d’Arras, et si la guerre de Cent Ans devait encore durer quelques années, les armées Anglaises encore présentes sur le continent étaient en plein recul. Louis de Luxembourg se trouvait au croisement…

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    XIX. Le Feu

    L’artillerie incarnant la maîtrise du feu, on pourrait s’attendre à ce que la ville de La Fère eût des rapports heureux avec cet élément. Mais le feu est versatile et capricieux, et n’aura été associé qu’à des événements funestes dans l’histoire de la cité. La construction d’un moulin à poudre en 1672, alimenté par la puissance de l’Oise, fut une contribution utile à l’activité des artilleurs de la place. Mais cela n’était pas sans risque, et le 26 août 1676, une simple flamme causa une violente explosion et un incendie qui faillit détruire la totalité de l’Arsenal.  Le moulin fut remis en service, pour exploser à nouveau en 1709 dans…

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    XII. Les Pendus

    Contrairement à son père surnommé le Bâtisseur, Enguerrand IV de Coucy était réputé pour sa violence et son impulsivité. On se souviendra de lui au travers d’une des plus grandes affaires judiciaires de la France du XIIIème siècle. Celle-ci commence par l’arrestation dans les bois de Coucy de trois jeunes nobles flamands par les hommes d’Enguerrand. Les jouvenceaux résidaient à l’abbaye de Saint Nicolas aux Bois où ils apprenaient le français, mais le Sire de Coucy les accusa de braconnage sur ses terres et les fit pendre sans autre forme de procès. L’affaire parvint aux oreilles du roi Louis IX , qui était comme chacun sait très attaché à la…

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    VIII. La Justice

    Nous avons pour la plupart une vision du Moyen-Age comme d’un régime féodal où les seigneurs avaient droit de décision et de justice sur leurs vassaux et leurs terres.  Et pourtant dès le XIIème siècle sont apparus des dispositifs d’émancipation des cités, leur laissant la possibilité de se gérer elles-mêmes via des institutions d’une étonnante modernité, en contrepartie d’une redevance versée au seigneur local. C’est en 1207 qu’Enguerrand III de Coucy accorda une telle émancipation à la ville de La Fère, sous la forme d’une « Charte de Paix ». Ou dans son nom complet, « La Fère, ou charte de la paix, autrement concordat passé et octroyé aux maieur, jurez et hommes…

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    XI. La Force

    Compte tenu de son passé militaire, La Fère ne manque pas de symboles de force. Le plus visible est bien sûr la statue de l’Artilleur qui trône sur l’esplanade depuis 1974. Réalisée en 1856, elle était l’un des quatre ornements des piliers de l’ancien pont de l’Alma à Paris, chacun représentant un régiment de la guerre de Crimée : l’Artilleur, le Zouave, le Chasseur à Pied et le Grenadier. Lorsque le pont fut reconstruit pour faciliter la navigation sur la Seine, les statues ont été déplacées dans des villes liées à leurs armes, et seul le zouave est resté à la capitale. Mais pour un symbole bien plus ancien, le…

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    X. La Fortune

    Notre récit commence le 18 juin 1815. Alors même que s’engage la bataille de Waterloo, des troupes prussiennes envahissent le nord de la France pour renverser une seconde fois l’empire de Napoléon Bonaparte, et arrivent devant les portes de La Fère qu’elles espèrent bien occuper. Les militaires français sur place sont fidèles à l’empereur, et gardent encore la rancœur d’une déroute cuisante subie un an plus tôt au même endroit. S’engage alors un nouveau siège de la ville, opposant le colonel Chapelle et le commandant Berthier d’une part, et les généraux Ziethen et Steinmetz d’autre part. Lorsqu’au bout de quelques semaines parvient la nouvelle que Louis XVIII est rentré à…

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    V. Le Palefrenier

    Pendant les siècles qui ont précédé les véhicules motorisés, les chevaux occupaient une place importante dans toutes les armées du monde. Mais cette importance devenait essentielle dans l’artillerie, car il ne fallait pas moins de quatre chevaux pour manœuvrer un seul canon. C’est donc sans surprise que l’on trouve plusieurs traces d’aménagements pour ces animaux dans les principaux emplacements de La Fère. Ainsi c’est aux étangs du Necfort que les soigneurs les amenaient pour les y laver. On peut voir dans d’anciennes photographies les abreuvoirs qui s’alignaient le long des remparts du Nord. Les grandes écuries de l’époque subsistent encore. Si elles servent aujourd’hui de résidences à la Gendarmerie Nationale,…

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    XXI. La Création

    La ville de La Fère aura donné le jour à de grands artilleurs, mais également à d’illustres artistes et artisans. Ainsi Laurent Rondé, issu d’une famille laféroise, fut reconnu comme le plus grands joailler de son temps. C’est à lui que l’on confia l’acquisition en Angleterre du Régent, pièce maîtresse des joyaux de la couronne de France, qu’il intégra à la couronne du sacre de Louis XV en 1722. Bien avant l’écriture de ses Liaisons dangereuses, le jeune Choderlos de Laclos fut formé à l’Ecole d’Artillerie de La Fère dès 1760, entouré d’autres élèves-officiers querelleurs et impies.  Natif de la ville en 1889, le peintre anarchiste Clovis Trouille déversera dans…

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    II. La Maîtresse

    Le 15 Floréal de l’an XIII comme l’écrivait le calendrier républicain à cette époque, la fête de la ville de Beautor battait son plein. Marie-Thérèse Védé, jeune femme de 19 ans tenant avec sa sœur aînée le pensionnat de jeunes filles de La Fère, organisa pour ses pensionnaires une sortie pour profiter de l’événement. Plusieurs de ces jeunes filles étaient apparentées à des officiers de la garnison, et le Colonel directeur de l’arsenal mit à leur disposition une longue barque ainsi qu’un équipage pour la manœuvrer : un domestique du Colonel, un garde d’artillerie et plusieurs pontonniers militaires. Afin d’assurer sa stabilité, la barque était lestée avec des boulets de…