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Henri IV
De toutes les personnalités qui peuplent les récits des anciens de La Fère, Henri IV est probablement leur favorite. D’aucuns prétendent que l’on peut encore trouver dans la ville l’anneau auquel il attachait son cheval. Nonloin de là se trouverait le « pont des amoureux » où le leste Gascon aurait eu pour habitude de retrouver l’une de ses nombreuses conquêtes. Si la vérité historique de ces anecdotes est incertaine, il est en revanche documenté que le Vert Galant avait noué un lien intense avec la ville natale de son père Antoine de Bourbon. Dès 1583, c’est à La Fère (alors fief de Catherine de Médicis) qu’Henri III suggère à celui qui…
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V. Le Palefrenier
Pendant les siècles qui ont précédé les véhicules motorisés, les chevaux occupaient une place importante dans toutes les armées du monde. Mais cette importance devenait essentielle dans l’artillerie, car il ne fallait pas moins de quatre chevaux pour manœuvrer un seul canon. C’est donc sans surprise que l’on trouve plusieurs traces d’aménagements pour ces animaux dans les principaux emplacements de La Fère. Ainsi c’est aux étangs du Necfort que les soigneurs les amenaient pour les y laver. On peut voir dans d’anciennes photographies les abreuvoirs qui s’alignaient le long des remparts du Nord. Les grandes écuries de l’époque subsistent encore. Si elles servent aujourd’hui de résidences à la Gendarmerie Nationale,…
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XXI. La Création
La ville de La Fère aura donné le jour à de grands artilleurs, mais également à d’illustres artistes et artisans. Ainsi Laurent Rondé, issu d’une famille laféroise, fut reconnu comme le plus grands joailler de son temps. C’est à lui que l’on confia l’acquisition en Angleterre du Régent, pièce maîtresse des joyaux de la couronne de France, qu’il intégra à la couronne du sacre de Louis XV en 1722. Bien avant l’écriture de ses Liaisons dangereuses, le jeune Choderlos de Laclos fut formé à l’Ecole d’Artillerie de La Fère dès 1760, entouré d’autres élèves-officiers querelleurs et impies. Natif de la ville en 1889, le peintre anarchiste Clovis Trouille déversera dans…
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II. La Maîtresse
Le 15 Floréal de l’an XIII comme l’écrivait le calendrier républicain à cette époque, la fête de la ville de Beautor battait son plein. Marie-Thérèse Védé, jeune femme de 19 ans tenant avec sa sœur aînée le pensionnat de jeunes filles de La Fère, organisa pour ses pensionnaires une sortie pour profiter de l’événement. Plusieurs de ces jeunes filles étaient apparentées à des officiers de la garnison, et le Colonel directeur de l’arsenal mit à leur disposition une longue barque ainsi qu’un équipage pour la manœuvrer : un domestique du Colonel, un garde d’artillerie et plusieurs pontonniers militaires. Afin d’assurer sa stabilité, la barque était lestée avec des boulets de…
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Armand-Charles de la Porte
Si d’aventure vous vous retrouvez à parcourir la rue Mazarin au sud de La Fère, vous penserez probablement qu’elle a été nommée en l’honneur du Cardinal Mazarin, homme sur lequel écrivirent autant les historiens que les romanciers. Il est vrai que ce dernier était familier de la ville de La Fère, où Anne d’Autriche aimait l’accueillir pour fuir le tumulte de la Fronde et profiter de quelque intimité. Mais c’est plus probablement au duc de Mazarin, comte et gouverneur de La Fère, qu’est dédiée cette artère de la ville. Armand-Charles de la Porte de la Meilleraye ne naquit pourtant pas au sein de la famille du Cardinal. Son père Charles…
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Bernard Forest de Bélidor
On ne le rappellera jamais assez, l’artillerie est pour beaucoup une affaire de mathématiques. Qu’il s’agisse de déterminer la trajectoire d’un tir ou l’architecture de fortifications, les ingénieurs militaires du XVIIIè siècle devaient effectuer avec soin des calculs complexes appartenant à une science encore nouvelle (le traité de mécanique d’Isaac Newton n’avait alors que quelques années). L’école d’artillerie de La Fère recrutait donc les meilleurs enseignants de mathématiques, et le plus respecté d’entre eux était Bernard Forest de Bélidor. Jeune orphelin, Bélidor fit rapidement l’expérience des mathématiques et de leur application pendant les sièges de villes fortifiées où l’emmenait son oncle adoptif. Cette double maîtrise des sciences et de l’art…
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Maurice Boudot-Lamotte
Si d’aventure vous vous trouviez à flâner dans les allées du Musée de l’Oise de Beauvais, vous pourriez y remarquer quelques tableaux au nom familier : « Les Bords de l’Oise à la Fère », « Le Chant du coq à Beautor », « Chaumières à Beautor, près de La Fère »,… Leur auteur, Maurice Boudot-Lamotte, était en effet natif de La Fère, et son amour pour la peinture et sa région donna naissance à ces toiles. Formé à Saint-Quentin par Philibert Léon Couturier, célèbre pour ses portraits animaliers, il « monte » ensuite à Paris suivre les enseignements de l’académique Jules Lefebvre et du mystique Gustave Moreau. A la capitale, il se lie d’amitié avec Henri Matisse,…
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I. Les Jeux
En l’an 1187, le sire de Coucy organisa un événement dont on parlerait à des lieues à la ronde : dans la vallée s’étendant de La Fère à Vendeuil se tiendrait un grand tournoi au cours duquel s’affronteraient les plus puissants guerriers des environs et d’ailleurs. Car l’annonce de ces jeux porta fort loin : répondirent à l’invitation les seigneurs de Mortagne, Oudenarde et Quiévrain, les comtes de Blois, Namur et surtout de Hainaut dont les troupes flamandes étaient fort réputées, ainsi que le connétable Montmorency. Les cavaliers ne venaient pas seuls, ils étaient accompagnés de leurs familles et de leurs maisonnées qui s’assemblaient en une foule joyeuse assistant au…
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XVIII. L’Eau
L’histoire de La Fère est intimement liée à l’eau. L’existence même de la ville remonte à la construction de ponts à cet endroit clé de la contrée, permettant aux marchands et voyageurs de franchir un réseau complexe de cours d’eau tumultueux. Au cours des siècles, les propriétés hydrographiques de la région auront joué un rôle essentiel dans la vie de ses habitants. Les plaines inondées offraient aux défenseurs de la place forte une meilleure protection que la plus épaisse des murailles. Le débit de la rivière permettait de transporter par flottaison le bois extrait des forêts environnantes. Et la puissance même de son courant alimentait des moulins pouvant briser les…
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IV. L’Empereur
Napoléon Bonaparte suivait depuis son enfance une formation militaire qui n’allait pas sans difficultés : issu d’une famille de petite noblesse, parlant avec un fort accent corse, le jeune homme était la cible de quolibets de la part de ses camarades de grande famille. Soutenu par de bonnes notes en mathématiques et malgré des lacunes en allemand, Bonaparte put prétendre à intégrer la marine conformément à ses vœux. Mais madame Bonaparte mère s’y opposa et c’est donc en second choix qu’il se rabattit sur l’artillerie. En intégrant à seize ans l’Ecole Royale d’Artillerie de La Fère, le jeune Bonaparte ne fit d’abord pas preuve du plus grand enthousiasme. Dès la…