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Aimos

Né à La Fère en 1891, Raymond Caudrilliers était pressenti pour reprendre la bijouterie de son père, située sur la place des Marchés (aujourd’hui place Paul Doumer). Mais le jeune homme est davantage attiré par le spectacle ; il se consacre aux planches du music-hall sous le pseudonyme d’Aimos, parfois acrobate, parfois acteur lyrique. Très tôt il découvre un art encore naissant, le cinématographe. Aimos aurait participé dès ses douze ans à une œuvre de Georges Méliés, dont les films étaient encore considérés comme des curiosités de foire. Il fera également de la figuration dans le court western français muet « Pendaison à Jefferson City », ou la série burlesque « Onésime ».

Mais c’est avec l’arrivée du cinéma parlant que Raymond Aimos percera à l’écran. Son air gouailleur, son allure dégingandée et son sourire malicieux lui permettent de forger son image de titi parisien, débrouillard et optimiste malgré les inévitables misères de la vie. Ses personnages font de lui le second rôle préféré de son époque, avec des noms aussi colorés que « Raymond le raccourci » (le Mort de reçoit plus), « la Ficelle » (Chéri Bibi), « Quart Vittel » (le Quai des brumes), « Dix de Der » (Titin des Martigues), ou « Cupidon » (Monsieur la souris). En tant que « Tintin », il partagera  l’affiche avec Jean Gabin dans « La Belle Equipe », son rôle le plus célèbre s’inscrivant dans la mouvance du réalisme poétique de l’époque.

Cette image simple, populaire et humaniste ne s’arrête pas à la pellicule. Dès 1940, Aimos ouvre rue Montmartre le restaurant « Les Gosses d’Aimos » où il nourrit gratuitement les enfants pauvres du quartier. Comme le feront des décennies plus tard les Restaurants du Coeur, il y invitait déjà des artistes de ses amis, parmi lesquels Charles Trénet, pour y tenir des spectacles musicaux au bénéfice de ses œuvres.

Dans le Paris occupé, Aimos participe également aux groupes résistants Mouvement de Libération Nationale et Libération-Nord. Lors de la Libération de Paris, c’est en caporal des Force Françaises de l’Intérieur qu’il meurt sur les barricades. L’origine incertaine de la balle fatale donnera naissance à la dernière intrigue de sa carrière. Règlement de compte, balle perdue, conflits maffieux… Nul ne le saura, seul restera son nom parmi d’autres, sur une plaque commémorative au 56 boulevard de Sébastopol.

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