XI. La Force
Compte tenu de son passé militaire, La Fère ne manque pas de symboles de force. Le plus visible est bien sûr la statue de l’Artilleur qui trône sur l’esplanade depuis 1974. Réalisée en 1856, elle était l’un des quatre ornements des piliers de l’ancien pont de l’Alma à Paris, chacun représentant un régiment de la guerre de Crimée : l’Artilleur, le Zouave, le Chasseur à Pied et le Grenadier. Lorsque le pont fut reconstruit pour faciliter la navigation sur la Seine, les statues ont été déplacées dans des villes liées à leurs armes, et seul le zouave est resté à la capitale.
Mais pour un symbole bien plus ancien, le curieux pourra s’aventurer dans la salle archéologique du Musée Jeanne d’Aboville et y découvrir une étrange statuette de bronze de quelques centimètres, représentant une homme entièrement cuirassé de métal. Trouvée dans le cadre de fouilles à Versigny, cette figurine antique est la seule représentation connue d’un crupellaire. Ces hommes bardés de métal étaient une variante gallo-romaine des gladiateurs. L’historien romain Tacite décrit dans ses récits comment ils avaient participé à des révoltes contre les armées romaines au premier siècle de notre ère. Leur carapace de métal était si impénétrable qu’il leur était inutile de porter un bouclier, et la meilleure stratégie pour les neutraliser aurait été de les renverser au sol avec des fourches, leur poids les empêchant de se relever.
