Arcanes Mineures,  Carte

Bernard Forest de Bélidor

On ne le rappellera jamais assez, l’artillerie est pour beaucoup une affaire de mathématiques. Qu’il s’agisse de déterminer la trajectoire d’un tir ou l’architecture de fortifications, les ingénieurs militaires du XVIIIè siècle devaient effectuer avec soin des calculs complexes appartenant à une science encore nouvelle (le traité de mécanique d’Isaac Newton n’avait alors que quelques années). L’école d’artillerie de La Fère recrutait donc les meilleurs enseignants de mathématiques, et le plus respecté d’entre eux était Bernard Forest de Bélidor.

Jeune orphelin, Bélidor fit rapidement l’expérience des mathématiques et de leur application pendant les sièges de villes fortifiées où l’emmenait son oncle adoptif. Cette double maîtrise des sciences et de l’art militaire lui permit de mener une carrière d’officier tout en contribuant à la définition du méridien de Paris aux côtés de Jean Dominique Cassini et Philippe de la Hire.

Mais c’est en rejoignant l’école d’artillerie de La Fère qu’il trouva sa véritable vocation : enseigner et surtout rédiger des livres pédagogiques à destination des ingénieurs. Car par ses livres il ne se contentait pas d’enseigner les mathématiques, il fournissait à ses étudiants toutes les informations dont un ingénieur d’artillerie pourrait avoir besoin au cours de sa carrière. Ces ouvrages devinrent vite une référence dans toutes les écoles d’artillerie d’Europe ainsi qu’à la nouvelle Ecole des Ponts et Chaussées. Leur pragmatisme ne les empêchait pas d’être à la pointe des connaissances du moment : on doit à Bélidor la première mention connue du terme « sinusoïde ». Près d’un siècle plus tard ces ouvrages étaient encore republiés et utilisés, moyennant quelques mises à jour de certaines équations mathématiques.

Plus tard dans sa carrière, il rédigea l’Architecture hydraulique, œuvre dans laquelle il appliquait les nouveaux principes de la mécanique pour étudier l’évolution de cette technologie au fil du temps. Faut-il y voir une inspiration née de 17 années passées à La Fère où la puissance de l’eau se rappelle régulièrement à ses habitants ? Ou peut-être était-ce un sujet d’étude naturel à une époque où la force hydraulique était la seule source d’énergie non animale. Quoi qu’il en soit ces premiers exemples de « livres d’ingénieurs » bien plus détaillés que les obscurs « codex » de la Renaissance, constituent pour les historiens une source d’information unique sur l’histoire des constructions mécaniques.

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