IV. L’Empereur
Napoléon Bonaparte suivait depuis son enfance une formation militaire qui n’allait pas sans difficultés : issu d’une famille de petite noblesse, parlant avec un fort accent corse, le jeune homme était la cible de quolibets de la part de ses camarades de grande famille. Soutenu par de bonnes notes en mathématiques et malgré des lacunes en allemand, Bonaparte put prétendre à intégrer la marine conformément à ses vœux. Mais madame Bonaparte mère s’y opposa et c’est donc en second choix qu’il se rabattit sur l’artillerie.
En intégrant à seize ans l’Ecole Royale d’Artillerie de La Fère, le jeune Bonaparte ne fit d’abord pas preuve du plus grand enthousiasme. Dès la première année, il demanda et obtint une permission pour retourner en Corse. Parti pour une durée annoncée de six mois, Bonaparte ne revint à l’Ecole que treize mois plus tard, juste à temps pour demander une prolongation de sept mois supplémentaires.
Après ces longues vacances, le jeune étudiant entra enfin dans le vif du sujet ; bon mathématicien, grand lecteur et fin analyste, il se fit remarquer favorablement par ses supérieurs. C’est par leur confiance qu’il put faire ses premières armes en 1789 : les échos de la Révolution parvenaient aux alentours de Dijon où le régiment de La Fère était installé, et c’est à Bonaparte que l’on confia une troupe de 450 hommes pour y contenir les émeutes de juillet.
Ces souvenirs de jeunesse ne quittèrent jamais celui qui deviendrait un jour empereur. On raconte qu’alors qu’on lui présentait sa tenue de Premier Consul, Bonaparte émit dans un soupir nostalgique :
« Je n’en connais pas de plus beau que mon habit d’artilleur de La Fère. «