Louis de Froidour
Nous l’avons tous lu dans nos livres d’histoire : si la France dispose d’autant de chênes centenaires dans ses forêts, c’est parce que Louis XIV avait veillé à ce que les générations à venir disposent de suffisamment de bois pour la construction de navires de guerre. Derrière cette volonté royale se cache la gestion de son ministre Colbert. Et derrière la gestion de Colbert se cache le travail de Louis de Froidour.
La famille Froidour est une vieille famille de La Fère, occupant les postes de notaires, avocats ou procureurs. Le jeune Louis débuta ainsi sa carrière en tant que lieutenant général au bailliage et à la maîtrise des Eaux et Forêts de La Fère, qui incluait notamment la forêt de Saint Gobain. La tâche était complexe, car les forêts de la région étaient alors en triste état : au sortir de la guerre de Trente Ans et des guerres de religion, elles avaient été traversées par les armées de tous bords et une désorganisation générale au cours de laquelle les prélèvements de bois étaient anarchiques et les incendies fréquents.
Ces forêts étaient alors la propriété de Mazarin, et c’est en les administrant que Froidour fut amené à rencontrer le jeune Colbert, intendant général du Cardinal, qui découvrait également le milieu forestier. Ils travaillèrent six années durant à la gestion de la maîtrise de La Fère, au cours desquelles furent mises en place la délimitation officielle des forêts, la normalisation des mesures, ou l’organisation des coupes. La forêt de Saint Gobain devint ainsi un modèle en matière d’aménagement sylvicole.
Fort de cette expérience, Louis de Froidour se vit confier par Colbert (devenu ministre du roi) la réorganisation de la maîtrise de Toulouse, dont l’organisation était encore plus anarchique que dans les territoires du nord. Il y lutta contre les pratiques de déforestation par les cultures ou l’élevage de cochons, imposa les coupes raisonnées et les replantations systématiques. Il fut également très critique de la surexploitation des forêts par l’industrie verrière.
C’est donc tout naturellement que Colbert confia à Louis de Froidour la rédaction d’une ordonnance « sur le fait des eaux et forêts » pour une réforme majeure à l’échelle du pays tout entier, qui fut promulguée en 1669. Le code forestier français actuel en est encore un héritage direct.